Plus couramment appelé criquet au Bénin, le grillon est désormais élevé à Songhaï.

Seulement dix (10) en mai 2016 au démarrage de l’expérience. Plus de quinze mille (15 000) en août 2016 et cela, toujours dans la phase expérimentale. Les grillons Songhaï se multiplient à un rythme soutenu. Ils semblent avoir compris, peut-être mieux que les initiateurs de l’entomoculture (culture des insectes destinés à l’alimentation) à Songhaï, l’importance et l’urgence de leur introduction dans l’alimentation humaine au Bénin. Car au Bénin, plus d’un enfant sur trois souffrent de la malnutrition chronique et cinq enfants sur cent souffrent de la malnutrition aiguë, selon des enquêtes réalisées en mars 2014 par Unicef-Bénin, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.  

Le dispositif pour l’élevage des grillons à Songhaï est simple. Une cabane bien couverte, des bacs (quatorze en plastique et trois en maçonnerie), des alvéoles d’œufs de volailles, des pondoirs, des mangeoires et des fiches de suivi. L’élevage des grillons à Songhaï est conduit par Marc Cadarsi, un élève ingénieur en agroalimentaire à Montpellier Supagro (France). Membre de l’association française Experts-Solidaires, partenaire du Centre Songhaï, Marc est assisté de Jacques – élève fermier Songhaï en train de se spécialiser en entomoculture – dans l’accomplissement des tâches quotidiennes au niveau de la section ‘’Entomoculture’’.

Passionnément, Marc explique les nombreux avantages liés à l’élevage des grillons. « Un grillon peut pondre jusqu’à mille œufs qui donneront, chacun, un ‘’bébé grillon’’ quarante-cinq à cinquante jours après éclosion. », dit-il avant d’évoquer la question de l’alimentation des grillons. Selon ses propos, « à Songhaï, les épinards d’eau, la provende faite à base de tourteaux de soja et de poudre de moringa, les miettes de pains sont utilisés pour nourrir les grillons ». Selon la méthode artisanale ou moderne, les grillons sont transformés en farine (poudre). Conditionnée « en sachet, la farine de grillon se conserve pendant plus d’un an », renseigne Marc. Il fait observer que l’élevage des grillons n’est pas exigeant ; ni en argent ni en temps. Comparé au bétail et à la volaille, « l’élevage des grillons est plus écologique parce que les grillons rejettent très peu de gaz à effet de serre et ne transmettent pas de maladie aux consommateurs, sans oublier que les grillons, pauvres en graisse, sont bien moins gourmands en nourriture et en eau », souligne Marc.

Très concentrée en protéines (70%), la farine de grillon est très forte en goût. Ce qui pose le problème de sa distribution en tant que telle. Cela ne saurait être un souci majeur à en croire Marc. Il préconise une solution : « il faut  mélanger la farine de grillon avec un autre aliment, une autre farine infantile pour faciliter sa consommation auprès de la population ».

L’élevage des grillons à Songhaï entre dans le cadre du projet Valorisation des Insectes par l’Alimentation (VIA), une initiative de l’association française Experts-Solidaires en partenariat avec le Centre Songhaï. Selon Marc, le projet VIA « est né du constat selon lequel il existe au Bénin beaucoup d’enfants en état de malnutrition, à cause de leur non accès à la viande et au poisson ». Il vise alors, insiste-t-il, « à lutter contre la malnutrition infantile au Bénin ». Ce qui explique d’ailleurs l’autre appellation plus simple du projet : ‘’Grillons la malnutrition’’.

Le projet va se poursuivre avec l’extension de l’élevage et des outils de transformation, aussi bien sur le site de Ouando à Porto-Novo que sur les autres sites Songhaïs au Bénin.

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